Hello Gepetta,
Dans ma vraie vie (comme on dit), j'en ai eu plusieurs (des vies) :
- j'ai été "façonné" par un patron qui était imprégné d'humanisme et de respect pour ses patients et, en tant que praticien hospitalier, j'ai continué à les traiter autrement qu'un bout de jambon. Avec mes collègues, nous avons essayé et le plus souvent réussi à maintenir notre place dans les staffs et les internes, qui finalement sont nos principaux correspondants, ont appris à respecter nos choix,
- en tant que libéral, j'ai eu l'immense chance de pouvoir exercer dans une structure assez réduite (jamais plus de 3 médecins) où le consensus régnait sur le sujet, mais à l'époque la pression était moins forte,
- depuis 5 ans, je n'effectue plus qu'un peu de radioprotection en bloc opératoire (je n'y suis plus le bienvenu) et des remplacements, dans des milieux que je peux qualifier de souvent pourris. Je réussis malgré tout à imposer mes choix, grâce à la très forte demande en remplaçants. Ils préfèrent perdre des sous que de devoir fermer leur bidule.
Bizarrement, le principal frein vient des manips qui ont peur de se faire engueuler par leur patron s'il n'y a pas "dorsolombaire bassin..." pour un petit lumbago, la radio systématique à 4 mois, la mammo de dépistage individuel, d'intervalle, la biopsie systématique en ACR3, etc. Mais je mets ma venue dans la balance et ça marche, même si quand le remplaçant baratine la mammo de dépistage individuel ou l'échographie de prostate sur les risques de l'examen, ça craint un peu...
Comme il s'agit de remplacements réguliers en écho-radio générale (un ou deux jours par semaine sur le même site), petit à petit, le ver rentre dans le fruit. Il y a deux ou trois fois par an des engueulades avec les correspondants (jamais avec les remplacés), mais je ne lâche pas et les examens non indiqués diminuent, ce qui permet de s'occuper des gens vraiment malades.
J'essaie de témoigner et de militer... Je ne jette la pierre à quiconque, car je reconnais que ça m'est facile : si on me fout dehors, j'ai la retraite. Mais il faut que ça se sache.
Courage et gardez les yeux ouverts.
Dom