Le Canard enchaîné a accroché notre chroniqueur le Professeur Jacques Foos qui commentait, après une émission d'Arte, la situation sanitaire réelle autour du site de Tchernobyl. Pour lui, le Professeur Canardeau mérite les palmes !Ma dernière chronique, publiée dans
la chaîne Energie de L'Expansion au sujet d'une émission diffusée sur Arte au mois de mai, a fait l'objet d'un commentaire dans
le Canard enchaîné du 14 juillet 2010 signé «Professeur Canardeau» dans la rubrique :
Canardages.
Le titre de cet article : «Pas de bile pour Tchernobyl» présente deux défauts :
- le premier est que, en comparaison, Jean Bruce mériterait le Prix Nobel de Littérature pour les titres de ses romans de la série des OSS-117..
- le second est qu'il dit le contraire de mes propos puisque j'avais commencé cette chronique en écrivant : «
Bien sûr, Tchernobyl fut une terrible catastrophe et nous devons tous lutter pour assurer sur la planète une sûreté équivalente à celle qui prédomine dans notre pays et rester vigilants».
En dehors de ces remarques, il est vrai que le Pr Canardeau ne trahit pas mes propos sur cet effet hormésis. Jusque là, deux accidents avaient montré qu'une dose faible (quelques dizaines de milligrays) délivrée quelques heures avant une irradiation à dose plus élevée était peut-être susceptible de diminuer l'effet de cette seconde dose et pouvait faire alors décroître le risque de cancérisation.
Ainsi, les expériences menées sur les animaux séjournant de façon continue dans la «zone interdite» de Tchernobyl et soumis à des doses de rayonnement bien supérieures à la moyenne naturelle, réagissaient de façon positive à un excès plus important encore de dose de rayonnement par rapport à une autre population d'animaux vivant ailleurs. Le journaliste d'Arte indique que cet effet permettrait peut-être de limiter les effets secondaires sur les patients traités par le rayonnement pour vaincre le cancer dont ils sont victimes.
Je ne dis pas autre chose. Bien sûr, il faut savoir faire la part des choses ; il est certain que l'on peut avoir simultanément un effet global, dû à l'hormésis, sur une population et un effet, au niveau d'un individu, différent du fait d'une susceptibilité individuelle importante aux rayonnements. Toutefois, je ne comprends pas que l'on ne fasse aucune étude poussée, rigoureuse et scientifique, sur ce phénomène qui, bien sûr, ne réjouit pas les antinucléaires.
Par ailleurs, dans son article, le Pr Canardeau cite Bella Belbeoch qui fait état d'une étude publiée dans Radiation Research, une revue scientifique, (numéro de février 2008) qui indique que 117 cancers ont été diagnostiqués sur une cohorte de 6 242 personnes irradiées à Taiwan (voir ma chronique sur lexpansion.com) entre 1983 et 2008. Des cancers diagnostiqués ne sont pas, heureusement, des décès par cancer. Ces personnes avaient reçu une dose de 48 milligrays en moyenne (ce qui représente, sur un an, 15 fois la dose naturelle). Or, sur une population-témoin, aussi nombreuse, mais n'ayant pas reçu un excès de dose de rayonnement par rapport à la radioactivité naturelle, le nombre de cancers déclarés sur la même période serait de 720 environ et non 117 !
Voilà donc que la Criirad confirme mes chiffres et mes propos ! Voilà un nouvel encouragement pour exiger des recherches plus approfondies dans ce domaine !
Soyons sérieux : nous avons tous dans notre entourage malheureusement connu des personnes qui ont dû se battre contre le cancer. Même en cas d'issue heureuse, les effets secondaires, pendant et après le traitement, sont redoutables. Et si cet effet hormésis était prouvé ? Cela serait d'ailleurs conforme avec ce que l'on connaît aujourd'hui du fonctionnement des processus biologiques (en l'occurrence, c'est ce qu'on appelle
une réponse adaptative. Si c'était vrai ? Si cet effet permettait de diminuer l'impact de ces effets secondaires ?
Car, en y réfléchissant bien, ou bien l'hormésis n'est qu'imagination et on se retrouve dans la situation d'aujourd'hui ou bien il existe bel et bien et alors ... quel gâchis et quelle honte ! Quelle responsabilité pour celles et ceux qui crient au loup sans savoir !