- michelange a écrit:
Exemple: Une personne manipule du CS137 sans protection et s'en met sur la main.
Quelques petits compléments.
D'abord, une personne qui manipule du césium sans protection, ça n'attend pas l'incident : on lui rappelle les bonnes pratiques !
Pour motiver le manipulateur négligent, une bonne méthode (en dehors des coups de bâton) consiste à lui démontrer l'intérêt de porter des gants : une goutte avec 1 Bq de Cs-137 sur le gant pendant une minute (le temps de réagir en s'affolant un peu), ça donne une dose d'environ 0,01 µSv = pas de quoi écrire à la famille. Au contraire, si la source atterrit sur la peau, une partie s'incruste dans l'épiderme (d'où augmentation de la dose proportionnellement au temps d'exposition qui va être de l'ordre de la journée) tandis que le reste va se promener dans l'organisme où il entre en compétition physiologique avec le potassium.
En cas de projection (vraiment accidentelle
) sur la peau, il faut donc enlever très vite le plus possible de produit : le mieux c'est d'utiliser des lingettes sans peluche et du décontaminant, plus efficace que l'eau. Bien sûr, les vêtements contaminés partent directement à la poubelle "déchets solide césium".
Pour faire sortir le radioélément du corps tout en réduisant sa concentration dans les urines (= diminuer l'exposition des reins et de la vessie), il faut faire boire énormément la personne accidentée.
A propos de pipi, une analyse radio-toxicologique sera obligatoire et il faut démarrer tout de suite le prélèvement d'urines sur 24 heures : commencer à recueillir les urines dans une bouteille propre, en attendant le kit que l'IRSN ne manquera pas d'envoyer d'urgence.
Car bien sûr, il faut signaler dès que possible l'accident/incident par téléphone à l'IRSN et à l'ASN.
Dans cette situation précise, avec du césium, je serais tentée de bloquer la compétition physiologique en faisant prendre des oligosol de potassium, mais je laisse aux toubibs le soin de confirmer ou infirmer l'innocuité du potassium en oligosols.
L'exposition externe à distance est plus simple à gérer : le plus urgent, c'est de limiter les dégâts en agissant sur la distance et sur le temps d'exposition = s'éloigner très vite et bloquer l'accès à la zone contaminée. Ensuite, prévenir l'IRSN, l'ASN et le médecin du Travail. Dès que possible calculer la dose pour savoir où l'on en est. Ensuite, mettre en route le processus de décontamination de la zone.
Un dernier truc à savoir : un incident radiologique, non seulement c'est flippant, mais ensuite ça nécessite une montagne de paperasses et de contrôles. Raison de plus pour appliquer scrupuleusement les consignes de sécurité qui rendent l'accident hautement improbable : blouse, gants, éventuellement lunettes de protection (par exemple si l'on doit centrifuger le tube avec la source) et si possible travailler sous sorbonne. Et surtout, préparation minutieuse des manipulations : en principe, l'opérateur doit connaître son protocole par coeur et être très à l'aise le matériel.
Et voilà