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| Sujet: Fukushima 10 ans après Mar 16 Mar 2021 - 9:50 | |
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jsp Acrobate
| Sujet: Re: Fukushima 10 ans après Sam 17 Avr 2021 - 22:41 | |
| Pourquoi rejeter les eaux contaminées de Fukushima dans l’océan n'est pas un choix si surprenant Le Japon a finalement décider de rejeter dans l’océan l’eau qui sert à refroidir la centrale nucléaire accidentée de Fukushima. Cette décision controversée a nécessité plusieurs années de réflexion, mais est loin d'être une première dans le monde. À Fukushima, des centaines de réservoirs stockent l'eau qui a servi à refroidir la centrale nucléaire accidentée. Le problème des eaux contaminées de Fukushima va-t-il enfin être résolu ? L’accident de la centrale nucléaire japonaise remonte à 2011 mais les experts ont dû comparer pendant des années les différentes options s’offrant à eux. Une solution controversée a finalement été privilégiée, a annoncé mardi 13 avril le gouvernement nippon : évacuer ces eaux dans l’océan Pacifique. La décision devait être annoncée en octobre 2020 mais le gouvernement tardait à faire connaître son choix. Voici les différentes possibilités qui s'offraient à lui, et in fine celle qu'il a retenue. Stockage en surface L’opérateur du site, Tepco, risque désormais d’affronter une levée de boucliers. Le rejet des eaux usées en mer suscite beaucoup d’inquiétudes dans le secteur de la pêche et chez certaines ONG de protection de l’environnement. Déjà en 2019, Greenpeace dénonçait une solution motivée par les coûts. L’organisation anti-nucléaire militait à la place pour un stockage à long terme de l’eau contaminée, une piste écartée par l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le stockage était justement la solution jusqu'alors mise en place à Fukushima. La centrale nucléaire sinistrée produit chaque semaine des centaines de mètres cubes d’eau contaminée. Pour refroidir le combustible dans les réacteurs sinistrés, Tepco est forcé d’injecter de l’eau en permanence. Il faut ajouter à cela la pluie et les eaux souterraines qui stagnent dans les sous-sols des bâtiments. Cette eau chargée en isotopes radioactifs est ensuite pompée pour être traitée partiellement et placée dans des réservoirs. Selon un décompte de Tepco réalisé en février 2021, 1 061 réservoirs sont entassés sur le site de Fukushima, soit 1,25 million de mètres cubes. Dans un document daté d'avril 2020, l’AIEA a répété sa position : le stockage “peut seulement être une mesure temporaire et une solution plus durable est nécessaire”. Les réservoirs seront remplis d’ici à 2022 et Tepco aura besoin de place pour la suite du démantèlement. L’accumulation de ces cuves à ciel ouvert soulève aussi un risque d’accident. Quelles autres alternatives ? Outre la dilution en mer, quatre options étaient étudiées pour prendre en charge les eaux contaminées : l’évaporation dans l’air, l’injection dans le sol, le rejet sous forme d’hydrogène et la solidification pour un enfouissement souterrain. Les autorités ont rayé les trois dernières solutions. Dans un rapport de février 2020, le ministère japonais de l’Économie parlait “de nombreux problèmes non résolus pour une application pratique en termes de réglementation, de technologie et de temps.” Avec le rejet en mer, l’évaporation dans l’air faisait donc partie des pistes privilégiées. Cette solution a déjà été utilisée aux États-Unis après l’accident nucléaire de Three Mile Island en 1979. Toutefois, les volumes d’eau évaporés étaient considérablement inférieurs : 8 700 mètres cubes, pas même 1 % des stocks accumulés à Fukushima en 2020. L’évaporation présente un autre inconvénient : il est plus difficile de surveiller la diffusion des vapeurs générées par cette technique. C’est donc le rejet en mer qui a été choisi par le gouvernement japonais. Une pratique courante, y compris en France Certains sites nucléaires français ont déjà recours à cette pratique, par exemple le site Areva de La Hague (Manche). Ses rejets comportent notamment des solutions de lavage, de rinçage et de décontamination qui proviennent d’unités chimiques de traitement. Comme pour les eaux de Fukushima, ces effluents contiennent du tritium, un élément peu radiotoxique mais dont le niveau dans l’eau potable reste soumis à des seuils sanitaires. “Dans le cas du tritium, l’impact potentiel est considérablement réduit s’il est rejeté en mer plutôt que dans l’atmosphère compte tenu des conditions de dispersion et de dilution autour de La Hague (impact d’un rejet gazeux 1 000 fois plus important que dans l’impact d’un rejet liquide à quantité égale)”, argumente l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française dans un livre blanc du tritium. Le gouvernement japonais se veut également rassurant sur l’impact du rejet en mer. Avant d’être déchargées, les eaux contaminées seront traitées une deuxième fois, le premier traitement ayant échoué à éliminer une partie importante des isotopes radioactifs. Les opérations devraient s’échelonner sur plus de 90 mois. “L’impact ne sera pas supérieur à un millième de la dose d'exposition aux rayonnements naturels”, assure le ministère de l’Économie dans son rapport. Au-delà de ces arguments scientifiques, le rejet en mer représente effectivement la solution la moins coûteuse pour le Japon. Son coût est estimé à 27,5 millions d’euros quand le rejet sous forme d’hydrogène était évalué à 807 millions d’euros. Encore plus onéreux, l’enfouissement aurait pu nécessiter 1,96 milliard d’euros selon des chiffres du gouvernement japonais. La fin du démantèlement attendue à l’horizon 2051 Le gouvernement japonais reconnait que le rejet en mer va vraisemblablement avoir un impact important pour certaines activités économiques, notamment la pêche. Le secteur vient tout juste de se remettre de la catastrophe nucléaire. Après l’accident, des dizaines de pays ont bloqué les livraisons de poissons provenant de la préfecture de Fukushima. Selon le média spécialisé FIS, les pêcheurs de la région ont dû attendre janvier 2020 pour exporter leur première cargaison depuis 2011, quand bien même les relevés de césium (un autre élément radioactif) sur les poissons étaient en-dessous des seuils sanitaires depuis 2015. Un gros travail de communication attend Tepco et les autorités japonaises pour expliquer le choix du rejet en mer. Des travaux plus difficiles encore attendent l’électricien japonais, comme le retrait du combustible fondu au fond du réacteur nucléaire. Le démantèlement de la centrale devrait seulement aboutir à l’horizon 2041 ou 2051 tandis que le chantier pourrait coûter 177 milliards d’euros selon des estimations datant de 2016. C’est le coût de construction d’une petite dizaine de réacteurs nucléaires EPR chez EDF.
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