Ecart dosimètre et prévision IRSN pour vol en avion ?

Bonjour,

Je reviens d'une excursion de 2 jours dans la zone d'exclusion de Chernobyl. Bien entendu j'avais pour ce voyage pris mes équipements de détection, dont un dosimètre opérationnel DMC-90 que j'ai allumé à Paris juste avant le décollage et que j'ai remis à zéro après l'atterrissage à Kiev. Le dosimètre était fixé à ma ceinture. Durant ce vol, la dose enregistrée a été de 0.003 mSv. Or l'outil en ligne Sievert PN de l'IRSN (https://www.sievert-system.org/) prévoyait des doses bien plus importantes, de 0.0138 mSv à 0.0152 mSv selon que l'on sélectionne  "subsonique" ou "jet" dans l'outil.

Comment expliquer cette différence ? Serait-ce que les rayonnements en altitude sont dans des énergies non couvertes par le dosimètre ? La notice dit que le DMC-90 suit la courbe ICRU 39 à mieux que 20% de 60 KeV à 3MeV.

Bonjour honnetehomme,

Il ne faut pas considérer que les rayonnements gamma lors d'un vol. Le rayonnement cosmique prend en compte d'autres types de rayonnements (particulaires ou non) que ton DMC ne peut forcément voir.
Ceci expliquant la différence de dose constatée.

Etrange, sur le vol Paris-Kiev j'avais mesuré 3-4 µSv/h à l'altitude de croisière avec pourtant un compteur Geiger tout pourri non compensé. Compte tenu de la durée du vol (environ 3h) ça donnait dans les 15 µSv aller-retour. Soit dit en passant c'était plus que la dose externe cumulée pendant 2 jours dans la zone d'exclusion

Par contre que la dose mesurée soit différente de celle prévue par l'IRSN est normal. Les dosimètres usuels ne peuvent détecter que les gammas produits en cascade par les particules très énergétiques heurtant l'atmosphère (protons par exemple), et non ces dernières qui en fait contribuent aussi à la dose. Les modèles de l'IRSN eux en tiennent compte, ce qui explique la différence.

Merci beaucoup pour vos réponses !

@ Rouquemoute : je n'ai pas mesuré le débit de dose (en sieverts) en vol. J'ai juste noté les valeurs en CPM suivantes données par mon compteur geiger (non compensé, et comptant betas et gammas) :

11600m : 470 CPM
10000m : 300 CPM
8000m : 160 CPM
6000m : 105 CPM
4000m 40 CPM
sol : 20 CPM

Concernant la dose externe cumulée à Chernobyl, celle-ci s'est élevée à 0.005 mSv brut. En restant chez moi à Lille dans mon salon j'aurais reçu sur la même période 0.004 mSv (maison en brique et béton, un peu plus radioactive que les extérieurs). En étant conservateur et en montant la dose reçue lors de l'excursion à 0.006 mSv cela ne fait que 0.002 mSv de radioactivité artificielle additionnelle reçue, soit vraiment pas grand chose. Je pourrais faire la même excursion tous les 2 jours pendant 1 an et rester en dessous des 1 mSv légaux.

Bonjour,

Citation :

En étant conservateur et en montant la dose reçue lors de l'excursion à 0.006 mSv cela ne fait que 0.002 mSv de radioactivité artificielle additionnelle reçue, soit vraiment pas grand chose.

Ouch, attention, c'est un gros raccourci de comparer chez vous et Tchernobyl et ensuite dire qu'il y a un excès de radioactivité artificielle. Je ne nie pas que le bruit de fond est plus élevé dans la zone d'exclusion qu'en région parisienne, mais il le sera moins que dans le limousin. Ensuite, tout dépend aussi d'où vous allez dans la zone..

Mais d'une manière générale, si vous ne mangez pas les légumes du jardin ou les champignons de la forêt rouge, vous pourriez vivre dans la zone relativement tranquillement.

Bonne soirée.
Champi

Oui Champi vous avez raison, c'est un raccourci, je compare à mon domicile, car je n'ai pas mesuré le bruit de fond à Kiev. Je tends à imaginer que le bruit de fond naturel du Nord de l'Ukraine est similaire à celui de Lille, car de ce que j'ai vu le sol est constitué de sable et de limons, tandis que le sol du Nord de la France est sédimentaire.

Je suis bien conscient que nous avons évité les endroit trop contaminés, et c'est très bien ainsi. Nous avons d'ailleurs refusé de visiter l'hôpital de Pripyat, par respect pour ce lieu de souffrance, et parce que nombre de vêtements très contaminés s'y trouvent.

Citation :

Nous avons d'ailleurs refusé de visiter l'hôpital de Pripyat, par respect pour ce lieu de souffrance, et parce que nombre de vêtements très contaminés s'y trouvent.

Alors là, je ne peux que vous applaudir. Nous voyons tellement de touristes qui visitent la zone, repartent avec des souvenirs, rentrent dans les différents bâtiments sans jamais se poser la moindre question : une partie de la ville est "touristique". Les bâtiments sont vides, la grande roue est là pour faire des photos. Mais une partie reste un lieux de mémoire pour pas loin de 50000 personnes. Ils reviennent une fois par an pour visiter le cimetierre principalement ainsi que leur ancienne maison. Ces gens ont certes eu par l'état une nouvelle maison, des sous, etc..., mais j'ai plutôt tendance à dire, après les avoir cotoyés tous les jours, qu'ils ont tout perdu et du tout reconstruire.

Pour la contamination ce ne serait pas étonnant mais j'avoie n'en avoir aucune idée...